
Ma Réunion est-elle devenue folle? Comment presque un quart des électeurs de cette ile que le monde entier envie pour son "savoir vivre ensemble", a-t-il pu voter pour une Marine Le Pen, la responsable d'un mouvement dont plusieurs responsables ont été condamnés pour racisme?
Selon la responsable du FN, son parti ne serait plus violent, raciste et antisémite. Il n'en est malheureusement rien.
Tout d'abord, il ne faut jamais oublier que le Front National a été créé par des personnages dont plusieurs ont été condamnés à la Libération pour collaboration. L’un d’eux était par exemple un ancien caporal de la division SS Charlemagne. D’autres fondateurs ou membres actifs du FN appartenaient à des groupuscules d’extrême-droite violents et néofascistes.
Marine Le Pen elle même a baigné dans ce climat délétère depuis sa plus tendre enfance, au contact des "amis" de son père qui étaient omniprésents dans la maison familiale.
De nombreux responsables du FN condamnés pour racisme ou antisémitisme
Elle dit aujourd'hui qu’elle ne tolère pas les propos racistes ou antisémites tenus par son père, mais pourtant elle continue à s’entourer de personnes ayant œuvré très activement dans les cercles les plus durs de l’extrême droite.
Par exemple, Axel Lousteau, candidat FN aux élections régionales dans les Hauts-de-Seine fêta son 40ème anniversaire en faisant le salut nazi. C'est un proche de Marine Le Pen, ancien membre du GUD, un syndicat étudiant antisioniste et anticapitaliste.
Et ce n’est malheureusement pas une exception : Philippe Péninque, son conseiller politique, était également membre du GUD et d’Ordre Nouveau.
Frédéric Chatillon, un autre de ses proches, et patron de l’agence de communication Riwal par ailleurs mis en examen dans l’enquête sur le financement des campagnes électorales du parti frontiste en 2014 et 2015, est l’ancien leader du GUD et un admirateur de … Mussolini.
Steeve Briois, vice-président du Front national, est un ancien de l’Œuvre Française. Et la liste ne s'achève malheureusement pas là…
Anne-Sophie Leclere, la candidate du Front national aux élections municipales à Rethel (Ardennes), a déclaré à propos de Christiane Taubira "qu’[elle] préfère la voir dans un arbre après les branches que la voir au gouvernement comme ça". En raison de cette attaque, la candidate a été suspendue.
Ce n’est pas la première fois, ces dernières années, que le parti frontiste est amené à prendre une telle sanction vis-à-vis d'un de ses candidats. Alexandre Gabriac, élu régional du FN en Rhône-Alpes et candidat au second tour des cantonales à Grenoble, a été suspendu le 25 mars 2011, entre les deux tours, pour avoir été photographié faisant le salut nazi devant un drapeau frappé de la croix gammée.
Nicolas Reynès, candidat aux législatives dans la 2ème circonscription du Nord, a été suspendu le 19 avril 2012 pour avoir renvoyé depuis sa page Facebook sur un site eugéniste à la gloire de la race blanche.
François Chatelain, candidat aux municipales à Neuville-en-Ferrain (ville du Nord), a été suspendu en septembre 2013 pour avoir publié sur sa page Facebook des propos et images antisémites et xénophobes.
Jacques Coutela, lui, a pu être candidat dans l’Yonne aux cantonales de mars 2011 avant d'être suspendu quelques mois plus tard pour avoir posté sur son blog des propos faisant l’apologie d’Anders Breivik, le responsable de la tuerie d’Utoya. Pour des faits similaires, un membre du bureau politique du parti, Laurent Ozon, avait lui aussi perdu sa place.
Il est aussi arrivé qu’un candidat soit radié… avant d’être (ré-)investi. Stéphane Poncet a ainsi été candidat frontiste aux législatives dans le Rhône alors que, quelques mois avant, en mars 2012, Marine Le Pen annonçait au Grand Journal de Canal+ lui avoir retiré l’investiture suite à la publication sur son blog de caricatures polémiques.
Julien Sanchez, conseiller régional FN en Languedoc-Roussillon et candidat aux municipales de Beaucaire, vient lui d'être condamné en appel à payer une amende de 3.000 euros pour avoir "hébergé" sur sa page Facebook, en octobre 2011, des commentaires à connotation raciste à l’encontre notamment de la communauté musulmane. Il est toujours soutenu par Jean-Marie Le Pen, dont il anime le journal de bord.
Voilà le parti pour lequel plus de 23% des Réunionnais ont voté !
Les hommes politiques feraient bien d'entendre le message... avant qu'il ne soit trop tard
Pour autant, je n'irai pas jusqu'à dire que 23% des Réunionnais sont racistes. Je suis bien conscient qu'au travers du vote Le Pen, et celui d'un Jean-Luc Mélenchon, ils ont surtout voulu dénoncer une classe politique dont ils ont le sentiment qu'ils "vivent sur la bête" de façon obscène, alors qu'eux mêmes ont du mal à finir le mois.
Ils ont voulu passer un message de ras le bol.
Comme ils ont essayé la Droite et que ça n'a pas marché, qu'ils ont essayé la Gauche et que ça n'a pas marché, ils se sont résolus à essayer autre chose, quitte à jouer avec le diable.
Sans avoir conscience que la solution choisie peut entrainer une situation 100 fois plus grave pour eux.
Faut-il qu'ils soient désespérés pour en arriver là !
Les politiques de tous bords feraient bien de prendre conscience de ce sentiment de ras le bol. Pour le moment, il ne s'exprime que dans les urnes. Il est à craindre que, la prochaine fois, si rien n'est fait pour améliorer leur situation, les choses se passent de manière bien plus violente.
La cocotte-minute bout, bout... Attention à ce qu'elle n'explose.