Boucan Canot : La "cité" de la honte

Derrière la plage de Boucan Canot et son joli front de mer, juste après la ravine, une adresse au nom de carte postale : la Place des coquillages, surnommée "la cité" par ses habitants.

Cette résidence construite il y a une bonne vingtaine d'années par Apavou a désormais des allures de banlieue parisienne déshéritée. Immeubles décrépis, infiltrations et moisissures, nids de poules, carcasses de voitures abandonnées, décharges sauvages, rats, tout y est. La résidence des coquillages, proprette au départ, se voulait un "petit St-Tropez" local, mais à défaut d'entretien, elle est devenue le cauchemar de ses habitants.

L'immobilière de la Réunion, société du groupe Apavou qui gère la résidence, laisserait sciemment ses locataires dans le désarroi. D'après plusieurs résidents, il faut des mois, après des dizaines de relances, avant que des travaux ne soient réalisés. Des travaux partiels en général, des "cache misère".

Sébastien, qui habite Place des coquillages depuis une dizaine d'années, en témoigne: "À cause d'infiltrations, le carrelage du séjour se soulevait en épis tranchants, je me suis même blessé au pied. J'ai attendu un an et demi avant qu'Apavou ne réagisse."

Dominique, locataire depuis 6 mois, s'étonne que l'on puisse laisser une station balnéaire dans cet état. "Il n'a pas d'extincteurs, des poubelles sans couvercles sont laissées en plein soleil sous les fenêtres. Les escaliers sont dangereux car des marches sont cassées depuis des mois, des interrupteurs sont absents... Pourtant, cet endroit pourrait être très agréable, nous sommes près de la plage, il y a des commerces en tout genre sur la place, une vie de village. Que pensent les touristes lorsqu'ils viennent ici?"

L'absence d'éclairage la nuit (les lampadaires sont cassés) procure un sentiment d'insécurité aux habitants et aux rares passants, néanmoins minoré par la brasserie du quartier ouverte jusqu'à minuit, qui apporte lumière et présence. Un sentiment d'insécurité justifié, car les agressions sont courantes : l'année dernière, un jeune s'est fait tabasser et a été laissé pour mort dans un fossé durant la nuit.

La mairie de Saint-Paul refait actuellement les accès routiers à la plage de Boucan, mais une fois passé le pont de la ravine, c'est un tout autre univers qui se dessine : la zone. Un chemin bardé de trous et des dizaines de carcasses de voitures abandonnées parachèvent le tableau.

Apavou ayant les difficultés financières qu'on connait, nul doute que le déclin de la place des coquillages continuera, jusqu'où?

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