Le problème avec les racistes et les antiracistes revendiqués, c’est qu’ils ne regardent le monde qu’à travers le prisme de la race, obligeant inévitablement leurs interlocuteurs à rentrer sur ce terrain où ils ne veulent pas aller. Pour preuve, la description physique des protagonistes devient nécessaire dans l’affaire du jour pour comprendre son absurdité.
Vendredi dernier, Rémi*, 21 ans, se rend au bar saint-pierrois El Pueblo avec son petit-frère de 18 ans et une amie à eux de 19 ans. Les deux frères sont zoreils, tandis que la jeune fille est métissée. Ils se sont installés à une table extérieure, attenante de celle de Lionel et de sa compagne. Lui est zoreil et sa compagne est métisse également.
Pendant une heure, chacun boit son verre de son côté. La seule interaction a eu lieu lorsque la compagne de Lionel est allée inviter la jeune fille à danser, ce qu’elle a refusé. Au bout d’une heure, le couple se prépare à partir. Mais un simple échange de regard entre Lionel et Rémi va faire disjoncter le quinquagénaire.
Lionel se poste à côté de Rémi, se saisit de la bière, jette le liquide au visage du jeune homme avant de le frapper et de lui écraser le verre sur l’avant-bras. Le jeune se retrouve avec grande plaie, une hémorragie abondante et des morceaux de verre à l’intérieur. Le bilan médical définitif ne peut pas encore être posé, car les conséquences sur les tendons ne sont pas encore connues.
Lionel et sa compagne vont ensuite tranquillement manger au restaurant d’à côté. Il sera interpellé un peu plus tard et se trouve choqué qu’on lui passe les menottes.
Il perçoit le racisme dans le regard
Face aux juges, Lionel va débiter une version qui semble totalement inventée lors de sa détention provisoire. Il affirme que Rémi a tenu des propos racistes envers sa compagne. Il assure également qu’il n’a jamais frappé Rémi avec le verre, mais que le contenant a explosé lorsque les deux le tenaient en même temps.
Pas dupes, les magistrats vont lui faire remarquer que si sa version était vraie, l’explosion du verre aurait blessé les deux à la main et pas uniquement l’avant-bras de Rémi. De plus, Lionel est incapable de dire quelles ont été les propos racistes tenus par Rémi. Il va finir par dire « qu’il l’a vu (le racisme) dans son regard. »
Autre facteur accablant pour le prévenu : son passé judiciaire. Son casier contient 7 condamnations, dont 3 pour violences, 3 pour alcool au volant et un abandon de famille. Il est de plus sous le coup d’un sursis. Le juge d’application des peines qui le suit évoque une tendance à la dissimulation et se disait déjà favorable à la révocation du sursis en cour.
« Il a une version qui ne convainc que lui, il s’autorise des violences, car il estime que la victime a un regard raciste », argue le procureur qui requiert 10 mois de prison ferme et la révocation totale de son sursis.
Finalement, le tribunal va le condamner à une peine de 6 mois de prison ferme et la révocation de 3 mois de sursis, dont le reste sera au-dessus de sa tête à sa sortie de détention. Il a de plus l’interdiction de fréquenter les débits de boisson de Saint-Pierre durant 5 ans. Les dédommagements seront fixés lors du renvoi sur intérêts civils, le temps de pouvoir faire une analyse médicale complète des conséquences physiques pour la victime.
*Prénom d’emprunt