Le débat entre le président de la République et les maires ultramarins était prévu pour durer trois heures. En réalité, il dura 7h et 15 minutes ! Les échanges furent d’un niveau très inégal, certains maires -essentiellement antillais- n’ayant pas pris conscience de la solennité de cette rencontre en venant évoquer les petits problèmes de leurs communes, incapables de prendre de la hauteur et d’évoquer des problématiques plus générales, à même de sortir nos territoires des difficultés auxquelles ils sont confrontés. A ce jeu, les élus réunionnais ont su tirer leur épingle du jeu et tous nos élus, maires, président du département ou de la région, ou parlementaires, ont su élever les débats et exposer au président de la République les vrais problèmes de fond de La Réunion.
Le thème de la vie chère est revenu à plusieurs reprises dans les questions et le président de la République n’a pas éludé le débat.
La vie chère, la faute aux monopoles
Pour lui, plusieurs causes expliquent le différentiel de prix entre les territoires ultramarins. "Les situations de monopole sont la première raison", a expliqué Emmanuel Macron.
Et de prendre l’exemple des voitures. Selon lui, "les milliers d’euros d’écart vont bien dans la poche de quelqu’un".
Pour y remédier, des missions ont été lancées et un délégué interministériel est déjà au travail.
En réponse à Didier Robert un peu plus tard, qui avait attiré son attention sur ces blocages de la société réunionnaise, il va répéter : "Je suis prêt à bousculer les monopoles". Apparemment, certains importateurs n’ont qu’à bien se tenir !
Mais il a mis en garde les élus. Il leur a rappelé que les importateurs à l’origine de ces abus sont souvent des "acteurs de la vie politique et économique" locale. Et c’est d’ailleurs pour ça que pendant longtemps, personne n’a osé les toucher. "Ok, on y va", a-t-il déclaré, "mais avec toutes les conséquences" qui en découleront…
D’évidence, il s’attend à ce que ces importateurs en situation de monopole ou d’oligopole ne se laissent pas faire et la bataille risque d’être sanglante !
Les DOM dépendent trop de l'extérieur
La seconde explication tient selon le président de la République à la trop grande dépendance de nos territoires en matière énergétique et alimentaire.
"Rien ne justifie" une telle situation a-t-il déclaré, avant de se prononcer pour un développement de ces filières.
Toute fois, a-t-il prévenu, "la lutte contre les monopoles, ça peut aller vite". Par contre, pour les filières, "ça prendra un peu plus de temps".
Pas contre un encadrement des prix de certains produits
Dans sa seconde série de réponses, interpellé entre autres par Stéphane Fouassin, le président de la République n’a pas rejeté l’idée d’un encadrement des prix sur certains produits. "Je ne suis pas contre", a-t-il déclaré.
La surémnuération des fonctionnaires a du plomb dans l'aile
Enfin, et il est revenu plusieurs fois sur le sujet, la troisième explication à cette vie chère réside dans le différentiel de rémunération entre les fonctionnaires et le privé. "J’ai pris un engagement durant la campagne" de ne pas y toucher "et je ne vais pas y revenir".
Toutefois, on sent bien que ça le démange. "La vie est également chère pour tous ceux qui n’ont pas la surémunération", a-t-il par exemple déclaré. "Il faut penser à une transition sur dix ans, mais ça doit venir de vous", a-t-il lancé aux élus. "J'attends vos propositions", a-t-il ajouté.
Dans le genre appel du pied, on ne peut pas faire mieux…
Zéro déchet: Emmanuel Macron penche en faveur de Didier Robert
Une véritable guerre de tranchées oppose depuis quelque temps à la Réunion Michel Fontaine et quelques présidents de communautés d’agglomérations favorables à la mise en place d’incinérateurs pour résoudre le problème des déchets, et Didier Robert, le président de région, favorable au "zéro déchet", avec des solutions de recyclage et de valorisation permettant la création d’emplois.
Déjà hier soir, Annick Girardin, la ministres des Outre-mer, semblait avoir pris position, mais sans le dire expressément.
Ce soir, Emmanuel a été beaucoup plus clair et a penché nettement en faveur du président de région.
Il s’est prononcé pour le "zéro déchet". "On va y aller", a-t-t-il dit, "avec des appels à projets et les financements nécessaires".
Une recentralisation du versement du RSA
Enfin, le président de la République a également donné satisfaction à Cyrille Melchior, le président du département, en se déclarant favorable à une "politique de recentralisation", comme ça a déjà été fait en Guyane et à Mayotte, avec une reprise en charge du versement du RSA par l’Etat.
Car a-t-il reconnu, les sommes versées par l’Etat sont loin de couvrir les dépenses réellement effectuées par les départements.
Rien qu’à la Réunion, le président Melchior avait rappelé que tous les ans, ce sont 150 millions d’euros que le département doit puiser dans ses fonds propres pour compenser ce que l’Etat ne verse pas. Autant d’argent qui lui manque ensuite pour assurer ses missions premières.
Emmanuel Macron longuement applaudi par les élus
Visiblement, le courant est passé entre Emmanuel Macron et les élus ultra-marins, au point qu’il s’est longuement fait applaudir à la fin.
Avant de les quitter, le président de la République leur a fait deux promesses : venir à La Réunion et à Mayotte en juin prochain et renouveler ces débats tous les ans…
A l'issue des 7h et 15 minutes de débats, le président Didier Robert s'est déclaré plutôt satisfait des mesures annoncées
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