Le jeudi 9 mai, Kim Mahbouli, un surfeur de 28 ans, est décédé des suites d'une attaque de requin à Saint-Leu. Le Centre de ressources et d’appui pour la réduction du risque requin avait promis de publier une analyse détaillée des circonstances de l’attaque :
Une description du contexte de l'attaque a été établi. 6 personnes se trouvaient à l'eau dans un premiers temps puis 4 au moment de l’attaque (3 surfeurs et 1 kayakiste). Le temps passé à l’eau avant l’attaque est quant à lui inconnu.
2 personnes étaient présentes dans un rayon de moins de 10m au moment de l’attaque, la victime n'était donc pas isolée. Le surfeur présentait des blessures au mollet, à la cuisse, et à la main gauches.
Un requin-bouledogue d’environ 2,5 m responsable de l'attaque Le requin responsable de l'attaque est un requin bouledogue. Les lésions constatées sur le corps sont compatibles avec la prédation par un requin bouledogue (Carcharhinus leucas) d’environ 2,5 mètres de longueur totale, précise le CRA.
Si le surfeur ne portait pas d'équipement de Protection Individuelle, les deux autres surfeurs étaient porteurs de bracelets NoShark. Il n'y avait pas de pêcheurs dans la zone. Il a été par ailleurs établi l'absence de déchets potentiellement attractifs.
Le CRA détaille :
Dans l’après-midi, jusqu’à 6 personnes ont été présentes sur le spot de la gauche de Saint Leu. Vers 16h30, 4 personnes étaient à l’eau au moment de l’attaque : 3 surfeurs et 1 kayakiste. 2 personnes se trouvaient au bowl, deux autres au peak. Juste avant l’attaque, la victime a été rejoint au peak par un second surfeur qui se trouvait à quelques mètres de distance. Les deux hommes étaient assis sur leurs planches et regardaient vers le large lorsque l’attaque s’est produite, sans signe avantcoureur. La victime a été happée et maintenue au fond par un requin qui, en position verticale, battait de la queue en surface.
Une fois remontée en surface, la victime a été prise en charge par le deuxième surfeur présent qui a nagé vers lui pour tenter de le ramener au bord. Alors qu’ils nageaient en direction de la côte, une vague puissante a déferlé et séparé les deux hommes. La victime ayant perdu connaissance, elle a rapidement dérivé et a été emportée par un courant puissant vers le Nord.
Les tentatives de récupération du corps de la victime par les surfeurs présents sur site ont été vaines. Les services de secours ont été appelés vers 16h35. Le corps de la victime a pu être récupéré par la cellule nautique des pompiers avec l’appui d’un hélicoptère peu après.
De la houle et une turbidité de l'eau "moyenne" Le CRA poursuit son analyse en évoquant les conditions environnementales et la zone dans laquelle le surfeur évoluait :
Suite au passage d’un front de houle australe, la houle est croissante depuis 2 à 3 jours sur le site pour atteindre son apex le 9 mai avec une Hs de 3.6m au large, orientée Sud. Le vent est également présent, d’orientation Sud-Est, et s’accélérant sur la côte ouest au niveau de Saint Leu. Le temps est sec et les ravines ne coulent pas. D’après les témoins présents sur site, la visibilité était plutôt bonne au niveau du bowl. Au niveau du peak, lieu de l’attaque, l’eau était plus chargée en particules et la visibilité était plus réduite.
La victime pratiquait le surf au moment de l’attaque, hors ZONEX. L’attaque a eu lieu à l’intérieur de la réserve nationale marine de La Réunion.
Pas de programme de pêche de prévention déployé au cours des 2 dernières semaines Concernant les actions de préventions menées au cours des mois précédents, le programme de pêche de prévention se déploie toute l’année sur le littoral de la commune de Saint Leu, avec deux techniques complémentaires : des Palangres Verticales à Alerte de Capture (PAVAC) et des Palangres Horizontales de fond (PHF). Les déploiements opérationnels se réalisent du lundi au vendredi à proximité du spot de surf de la gauche, mais également au niveau du spot de la tortue, à la pointe des châteaux et plus au sud en face du cimetière de Saint Leu.
Le CRA précise toutefois :
"compte tenu des mauvaises conditions météorologiques présentes sur les côtes ouest de La Réunion (houle et vent fort), le programme de pêche de prévention n’a pas pu se déployer normalement sur le site de Saint Leu lors des deux semaines précédant l’attaque. Depuis le 24 avril, une seule opération de PAVAC a pu être réalisée dans la nuit du 2 au 3 mai sur le site".
Pour rappel, une page web permet aux usagers de s’informer sur les opérations de pêche en temps réel :
http://www.info-requin.re/la-carte-des-operations-de-peche-en-temps-reel-est-a793.html Dispositif post-attaque : Un requin prélevé, l’analyse de son contenu stomachal n’a rien révélé Suite à l'attaque mortelle - comme le prévoit le dispositif défini par l’Etat en 2013 et déclenché par le Préfet - des opérations de pêche ciblées ont été menées. 5 PAVAC ont été déployées sur site pendant 72h entre le vendredi 10 et le lundi 13 mai au matin. Une opération de PHF a été déployée sur site le vendredi 10 mai. Au cours de ces opérations, 1 requin bouledogue femelle de 2.50m et 113kg a été prélevé sur une PAVAC, dans la première nuit de déploiement entre le vendredi 10 et le samedi 11 mai, à 1h du matin, à proximité immédiate du peak du spot de surf de la gauche de Saint Leu. 2 prises accessoires ont été capturées et relâchées vivantes après marquage externe lors de toutes ces opérations : un barracuda (20kg) et une carangue (35kg)
Le requin pêché le 11 mai 2019 correspond à la description de l’animal potentiellement impliqué dans l’attaque et décrit dans le rapport d’expertise du médecin légiste après analyse du corps de la victime (requin bouledogue d’une taille de 2.50m). Après dissection de l’animal, l’analyse de son contenu stomachal n’a rien révélé, indique le CRA.
Le rapport complet est disponible en suivant ce lien