Une rixe entre voisins qui s'est achevée par des coups de feu a eu lieu dans le quartier des Camélias le 5 septembre denier au petit matin. L'enquête de police a permis d'identifier les principaux acteurs qui, après avoir été convoqués par les enquêteurs, ont été placés en garde à vue quelques jours plus tard. Ils répondaient de leur actes devant le tribunal ce lundi.
Ils étaient trois à la barre ce lundi. Un pour des faits de violence avec arme - des coups de feu - et deux pour complicité et dégradation de bien. L'histoire, bien que compliquée, se résume à ce qui se passe dans beaucoup de quartiers de France et de Navarre.
Prenez des fauteurs de troubles et des voisins excédés. Ajoutez à cela des provocations, et vous obtenez un fait-divers qui aurait pu se terminer devant la cour d'Assises en lieu et place de cette audience de comparution immédiate.
Ce samedi 5 septembre à 6h, Loïc M. fait des siennes en scooter dans le quartier. Il a passé la nuit à faire la fête chez sa belle-mère. Au petit matin, à bord d'un scooter et en klaxonnant, il s'en prend d'abord à l'ex-copain de sa compagne, puis, à un voisin, père de deux enfants, avec qui il a un "compte". Il les invitent à venir en découdre. Si le premier ne relève pas, le second, excédé par ce manège qui a lieu tous les week-ends, descend pour lui donner satisfaction. De plus, sa voiture vient d'être dégradée par Loïc M.
Accompagné par un dalon, il propose au provocateur de régler le problème en un contre un. S'ensuit une bagarre entre les deux hommes. Alors que le dalon du voisin veut les séparer, le père de famille se prend un coup de casque de moto par l'un des dalons de Loïc M.
Face à une quinzaine d'individus, il part à sa voiture et sort un sabre de son coffre
Son sang ne fait qu'un tour. Face à une quinzaine d'individus, il part à sa voiture et sort un sabre de son coffre. L'effet est immédiat : tout le monde détale. Loïc M. n'entend pas en rester là et somme Noël S. d'aller chercher un fusil.
Accompagnés d'Emmanuel G., les deux hommes reviennent en scooter de longues minutes après alors que la tension semble s'être apaisée. Ils arrivent en trombe et tombent de scooter en arrivant. Noël S. se relève et fait feu en direction du voisin, de sa compagne - qui est sortie de chez eux - et de leur dalon. Fort heureusement, surpris par le recul du fusil, il retombe sans parvenir à viser. Il tire une deuxième fois en l'air. La police est appelée et voit deux individus s'enfuir sur un scooter. Le calme revient, une enquête est ouverte.
À la barre, les prévenus ne reconnaissent qu'une partie des faits. Loïc M. réfute fermement avoir donné l'ordre d'aller chercher le fusil. Noël S. est formel, il n'a jamais eu de fusil et n'a ouvert le feu sur personne. Emmanuel G. soutient qu'il est rentré à 3h du matin chez lui avec sa compagne et n'est jamais revenu sur la scène des coups de feu. Les trois victimes, également présentes, soutiennent leur version et reconnaissent formellement les prévenus comme étant les auteurs.
Le tribunal va donc devoir trancher entre les deux versions, sachant que celle des victimes est corroborée par des témoignages du voisinage. Il y a également une vidéo mais peu exploitable. L'enquête de voisinage mettra en évidence le scooter ainsi que les nuisances sonores sur fond d'alcool, mais, comme souvent, personne n'ose témoigner.
"Loïc M. est un trouble-fête dans le quartier et les habitants n'en peuvent plus !"
Lors de l'audience, les avocats mettent en exergue le passé chargé des deux hommes victimes des faits. Pour autant, la procureure de la République soutient fermement leur version : "Loïc M. est un trouble-fête dans le quartier et les habitants n'en peuvent plus ! Ils ne disent rien car ils ont peur", explique-t-elle en indiquant au tribunal sa lecture du dossier. "Tout le monde en veut à Loïc M. dans le quartier, pour autant, personne ne le met en cause dans ce dossier. Il excite tout le monde puis ensuite, reste en retrait. Les témoins n'ont pas de problème avec Noël S. et Emmanuel G, ils n'ont aucun intérêt à mentir."
"Pour moi les faits sont parfaitement caractérisés. Je vous demande 18 mois de prison et une interdiction de contact avec les victimes pour Loïc M. qui est le meneur, 18 mois de prison pour Noël S. qui est le tireur, ainsi que leur maintien en détention. Je demande 12 mois de prison ferme pour Emmanuel G.", requiert le parquet.
"Je suis admiratif de ce que je viens d'entendre, à croire que madame la procureure était sur place !", s'exclame la défense d'Emmanuel G. qui soutient que son client n'était pas présent au moment des faits et qu'il ne pouvait donc pas conduire le scooter. Il demande la relaxe de son client.
"Cette enquête est basée sur des 'on dit'"
"Cette procédure est un véritable sac de nœuds. Cette enquête est basée sur des 'on dit'. On n'a pas retrouvé de scooter, ni de fusil, ni de douilles ! On ne sait pas qui était sur ce scooter et qui portait l'arme. Il ne sait pas pourquoi il est ici devant vous ! Je vous demande de le relaxer", ajoute la défense de Noël S.
La défense de Loïc M. prend la parole pour sa plaidoirie : "J'apprends ce soir que la police ne sert à rien et que l'on peut agresser quelqu'un avec un sabre sans être inquiété. Qu'il soit fauteur de troubles ne mérite pas qu'on le menace avec un sabre et qu'on fasse justice soi-même ! Pourquoi ils n'ont pas appelé la police ? Les seuls qui l'ont entendu dire d'aller chercher l'arme, ce sont les deux pseudo victimes. Ce dossier est mené à charge, iI y a trop de zones d'ombre dans ce dossier, d'ailleurs, où est cette arme ? Soit on juge tout le monde, soit on ne juge personne !", termine la robe noire qui demande la relaxe de son client.
Le tribunal a finalement tranché en faveur du ministère public. Emmanuel G., 10 mentions au casier, est condamné à 12 mois de prison, il est maintenu en détention. Noël S, 3 mentions au casier, est condamné à 18 mois de prison et maintien en détention. Loïc M., 11 mentions au casier, est condamné à 18 mois de prison, à une interdiction de contact avec les victimes et est également maintenu en détention.
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