L'élection de ce matin de Cyrille Melchior ce matin à la présidence du conseil départemental est un événement historique dans la vie politique réunionnaise.
Les choses sont maintenant claires. La plateforme de la Droite et du Centre a explosé et deux camps s'affrontent désormais à Droite.
Ce qui se passait en coulisses depuis des mois et que le public ignorait parce qu'il fallait faire bonne figure devant les caméras, est maintenant étalé sur la place publique et les Réunionnais vont pouvoir choisir leur camp en toute transparence.
Tout est parti du rapprochement de Michel Fontaine avec Thierry Robert
Certains aimeraient réécrire l'Histoire et faire porter le chapeau de la trahison à Didier Robert. Commençons par rétablir une vérité : la rupture définitive s'est produite quand, à la veille des sénatoriales, le clan Nassimah Dindar/Michel Fontaine/Joseph Sinimalé a voulu faire alliance avec Thierry Robert et TAK.
Didier Robert ne pouvait pas laisser passer ce qu'il considérait comme une trahison et a commencé à envisager une liste dissidente aux sénatoriales et au Département. Pour lui, il ne pouvait y avoir des élus (Thierry Robert, TAK, mais aussi quelques autres) qui seraient dans son opposition à la Région et dans la majorité du Département.
Concernant les sénatoriales, c'est Jean-Paul Virapoullé qui, découvrant la situation à son retour de vacances, a tapé du poing sur la table et exigé la sauvegarde de la plateforme, et donc la mise à l'écart de Thierry Robert et de TAK. On connait le résultat : 4 sénateurs de la plateforme élus sur 5.
J'échange ma voix contre un emploi fictif pour ma fille
La ver de la discorde était cependant dans le fruit et l'élection à la présidence du Département est arrivée à point nommé pour permettre aux deux camps de s'affronter.
Le groupe Dindar/Fontaine/Thierry Robert/TAK/Sinimalé pensait bénéficier d'une très large majorité. Selon certaines indiscrétions, ils pensaient avoir ce matin 8 voix d'avance. Au final, l'élection s'est jouée à une voix d'écart...
Chaque camp a énormément travaillé ces derniers jours. Les réunions nocturnes ont succédé aux tête à tête. Chacun y est allé de ses promesses : tel maire demandait une subvention pour un projet qui lui tenait à coeur tandis que pour d'autres les demandes étaient plus terre-à-terre : un poste de vice-président avec la voiture et le téléphone qui va avec, quand ce n'était pas une "tite place bordage" pour sa fille ou son neveu. Vous savez, ce genre d'emplois plus ou moins fictifs, très bien rémunérés, et pour lesquels on ne demande pas nécessairement à son heureux bénéficiaire d'être très présent à son poste...
La fille d'un maire de l'Est a par exemple été récemment embauchée par une collectivité du Sud. Un total hasard, puisque je vous le dis...
Le premier à trahir Didier Robert a été Jean-Paul Virapoullé. Il avait négocié pour lui dans un premier temps un poste de 1er vice-président de la Région et les subventions nécessaires à la réalisation de son fameux port à Saint-André.
Depuis quelques jours, le président de la Région avait bien senti que le maire de Saint-André avait basculé et ce matin, il pensait encore gagner les élections malgré cette défection.
Il n'avait cependant pas vu venir la trahison de trois autres élus. Celle de Marie Lyne Soubadou, conseillère départementale de Sainte-Marie, de Claudette Grondin l'élue de Cilaos, et de Serge Hoarau le conseiller général de la Montagne.
Le prix de leur trahison? Jean-Marie Virapoullé se retrouve 1er vice-président, Claudette Grondin 6ème et Marie-Lyne Soubadou 8ème.... Il n'y a que Serge Hoarau qui a été "roulé cari soud riz". Il a trahi et n'a pas obtenu le poste de vice-président qu'il espérait. Mais ne vous inquiétez pas pour lui, on découvrira dans les jours à venir le "cadeau" qu'il a eu en échange... Certains évoquent la présidence de la SEMIR.
Jean-Paul Virapoullé sera probablement exclu de la majorité présidentielle à la Région
A ce jeu d'achat de voix, le gagnant a donc sans conteste été Michel Fontaine qui a une nouvelle fois conforté sa réputation de faiseur d'élections.
Mais, comme nous le déclare Didier Robert dans une interview, d'un mal peut sortir un bien.
Maintenant, la ligne de fracture est claire. Chacun a choisi son camp et devra en assumer les conséquences.
De ce point de vue, la position du président de la Région est claire : on ne peut pas être en même temps contre lui au Département et dans sa majorité à la Région. Il ne le dit pas expressément mais tout le monde le comprend à demi mot : En faisant voter ce matin son fils Jean-Marie pour Cyrille Melchior, en échange de la 1ère vice-présidence, Jean-Paul Virapoullé a tiré un trait sur le poste de 1er vice-président de la Région qui lui était promis, en remplacement de Nassimah Dindar partie au Sénat. Pas sûr qu'il y gagne au change. Et son port à Saint-André pourrait bien prendre l'eau...
Le grand ménage va maintenant être fait dans les rangs des élus à la Région. Et il va sans doute trouver son prolongement parmi les membres du Cabinet et les conseillers techniques proches de ceux qui ont trahi.
Seul contre tous, le président de la Région n'a perdu que d'une voix. Pour lui, certaines défaites sont des demi-victoires.
Il lui reste un dernier pas à franchir : faire comme Xavier Bertrand et quitter le parti Les Républicains. Selon nos informations, ce serait plus qu'une question d'heures avant qu'il ne l'annonce officiellement.
Ensuite, le paysage politique sera clarifié et chacun se positionnera en connaissance de cause. Mais une chose est sûre : plus rien ne sera comme avant...
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