Le maire de La Possession, Vanessa Miranville, revient dans un communiqué sur la polémique liée à son vote pour la modification des statuts d'ILEVA, lors du dernier conseil communautaire du TCO. Selon elle, "il convient de savoir de quoi l'on parle et ne pas tout mélanger comme dans une benne à ordures".
"J’assume, la tête haute.
Oui, c’est la tête haute que je m’adresse aux Réunionnaises et Réunionnais au sujet de mon vote au dernier conseil communautaire du TCO pour autoriser une modification des statuts d’ILEVA lui permettant à terme de stocker des déchets dangereux à la Réunion.
Je ne viens pas ici polémiquer, ni me justifier de quoi que ce soit. Il s’agit de faire de la pédagogie, d’expliquer puisque visiblement l’exercice est compliqué et pas encore compris de tout le monde (voir article du Quotidien du 19/12/2017 à ce sujet :
"Le TCO vote la possibilité d’enfouir les déchets ultimes").
# Nous produisons des déchets, c’est un fait : 607 kg par habitants en 2015, donnée à retrouver à l’adresse suivante :
http://www.agorah.com/upload/general/Bilan2016DesObservatoiresAGORAH-Light.pdf. .
# La première action qu’un pays peut envisager de faire contre cela c’est d’en produire moins. Le premier levier pour cela c’est l’information sur les dangers que représentent les déchets, la nécessité de changer les modes de consommation pour sortir du cercle vicieux de l’offre et de la demande qui consiste à produire parce que le besoin existe et à consommer parce que l’offre existe.
# Il convient ensuite de savoir de quoi l’on parle et ne pas tout mélanger comme dans une benne à ordure :
• Définition de l'article 1 de la loi du 15 juillet 1975 modifiée : est un résidu défini comme ultime, un déchet, résultant ou non du traitement d'un déchet, qui n'est plus susceptible d'être traité dans les conditions techniques et économiques du moment, notamment par extraction de la part valorisable ou par réduction de son caractère polluant ou dangereux. D’abord interprété comme étant le résidu de l'incinération. Cependant la circulaire du 28 avril 1998 redéfinit le déchet ultime afin de ne pas le limiter à ces seuls résidus d'incinération, et précise que peut être considéré comme déchet ultime la fraction non récupérable des déchets, c'est-à-dire après extraction de déchets polluants, recyclage matière (emballages et textiles, pneumatiques...) et organique (compostage).
• Un déchet dangereux : il en existe plusieurs sortes :
• déchets amiantés ;
• appareils contenant des PCB et PCT ;
• produits chimiques des ménages (y compris bouteilles de gaz) ;
• déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE), cartouches d'impression, piles et accumulateurs ;
• emballages ;
• gaz fluorés ;
• huiles minérales et synthétiques entières usagées ;
• déchets médicaux (DASRI et médicaments) ;
• déchets de l'agrofourniture (produits phytosanitaires non utilisés (PPNU) et équipements de protection individuelle chimique usagés (EPI-U)
• véhicules hors d’usage.
• Un centre d’enfouissement de classe 1 également appelé Centre de stockage de déchets dangereux (CSDD) accueille les "déchets industriels spéciaux", présentant un caractère dangereux reconnu pour le milieu naturel ou les êtres vivants. Avant d’être enfouis, les déchets sont "stabilisés" par extraction, vitrification… Il en existe aujourd’hui 14 en France.
# Il faut ensuite décider de ce qu’il convient de faire de ces déchets de telle sorte qu’ils soient le moins nuisible possible. En tout cas, de mon point de vue il ne s’agit en aucun cas de les "lâcher dans la nature", ni de les transporter chez un voisin qui s’en accommodera de la manière qu’il souhaite pourvu que "pas de ça chez nous". Nous ne pouvons pas penser que puisque nous sommes une île perdue au milieu de l’océan nous n’impactons pas le reste du monde ni que le reste du monde ne nous atteint pas.
# C’est une question de responsabilité et de respect.
# C’est une question économique. Une seule compagnie maritime fait du transport de matière dangereuse depuis la Réunion et les tarifs sont très onéreux. Ces tarifs peuvent encore augmenter du fait du monopole et des variations possibles de prix de carburant servant au transport maritime, les bateaux solaires, c’est encore loin. Cette situation de monopole pour le transport de déchets dangereux représente un risque énorme en cas de refus ou d’impossibilité pour cette entreprise à continuer ce transport. Que ferons-nous alors ?
# C’est une question de développement durable, dans l’anticipation de ce que nous souhaitons pour la Réunion demain, et après demain. Ce que nous souhaitons pour la Réunion dans et pour l’Océan Indien. A ce titre, une unité de stockage de produits dangereux à la Réunion, normée en matière de sécurité pourrait être alimentée par les pays voisins dans le cadre d’une gestion régionale Océan indien de ces déchets. Il paraît plus profitable à terme d’organiser la sécurisation de ces déchets plutôt que de laisser nos voisins, faute de moyens les laisser s’échapper dans la nature qui nous environne.
# Donc, oui, tête haute, j’assume mon vote qui donne la possibilité d’étudier toute cette problématique avec transparence. Cette transparence, je me suis battue pour la trouver à ILEVA dont je suis également élue au Conseil d’administration et je suis heureuse de pouvoir dire que je l’ai trouvée aujourd’hui, ce qui donne tout son sens à mon action au sein de cette entité. De toute façon, nous n’en sommes qu’au stade de l'étude d'un tel site d'enfouissement de déchets dangereux (sanitaire, économique, écologique...) car vu les enjeux, il n’est pas concevable de se contenter d’une position dogmatique uniquement orientée sur le hors sol. Il s’agit bien de prendre en compte toute la complexité de la réalité en compte, comme nous le faisons depuis 3 ans sur le dossier d'extraction potentielle de roches à Rosthon - Lataniers.
# Je fais confiance à l’intelligence des Réunionnaises et des Réunionnais pour avoir une juste appréciation de mon positionnement. J’en profite pour leur souhaiter de joyeuses fêtes de fin d’année".
Vanessa Miranville
Maire de la Possession