La Réunion fait un pas de plus vers la mobilité de demain
La restitution de cette phase 1 s’est faite en présence des représentants des cinq intercommunalités de l’île (Territoire de l’Ouest, CINOR, CIVIS, CASUD et CIREST), du Syndicat mixte des Transports (SMTR), du Département, de l’Association des maires sans oublier ceux de la Commission nationale du Débat Public (CNDP). Pour Huguette Bello, qui souhaite faire entrer La Réunion « dans une nouvelle ère des mobilités », les résultats obtenus sont particulièrement « éclairants » et actent la volonté des Réunionnais « de changer de modèle face au tout-auto ».
En effet, 7 grands objectifs ressortent des propositions du public : l’amélioration et le développement du réseau de transport en commun, la réalisation de projets structurants de transport collectif, l’amélioration des conditions actuelles de circulation, la promotion des déplacements en mode doux, la limitation des déplacements au quotidien, l’organisation d’une gouvernance partagée et enfin, l’intégration de la participation citoyenne aux décisions.
Bus, trams, téléphériques : Aux Réunionnais de choisir
Durant toute la durée de cette consultation, les participants pouvaient répondre au questionnaire aussi bien en ligne sur le site dédié que lors des ateliers répartis sur l’ensemble des bassins géographiques de l’île. Et les réponses aux questions posées sont particulièrement riches d’enseignements. À commencer par le tout-voiture : s’il reste le modèle dominant, l’enquête nous apprend que ce modèle est désormais perçu comme dépassé.
Si les Réunionnais sont encore 59% à se déplacer principalement en voiture (contre 20% en transports en commun), ils sont néanmoins 66% à vouloir moins l’utiliser à l’avenir. Par ailleurs, si la majorité des répondants (62%) assurent l’utiliser « par obligation », ils sont dans le même temps près de 40% à voir l’aspect pratique de son usage.
Concernant la place des transports en commun, près de 52% des répondants assurent ne jamais les utiliser. En revanche, ils sont 58% à voir en eux la première alternative à la voiture. À la question « Qu’est-ce qui vous inciterait à prendre davantage les transports en commun à l’avenir ? », 58% des personnes interrogées estiment que c’est le renfort de la fréquence de passage des bus qui pourrait leur faire changer d’avis, et 51% si les horaires des différents bus et réseaux étaient mieux coordonnés. Assez surprenant, et alors que pas mal de collectivités se lancent dans le tout-gratuit pour séduire de plus en plus d’usagers, seulement 30% des répondants assurent qu’ils seraient incités à prendre les transports en commun s’ils étaient gratuits.
Et parmi les investissements à mener en priorité à l’avenir, 77% des personnes interrogées plaident pour la création d’un transport ferré pour relier les villes entre elles, 62% souhaitent la modernisation et le développement des réseaux existants, que ce soit les bus ou les téléphériques et 41% la création de nouvelles pistes cyclables. En complément de ces investissements, les aménagements sécurisés pour la marche à pied et les personnes à mobilité réduite (PMR) recueillent 42% des suffrages, suivi des actions pour mieux coordonner les heures d’entrée et de sortie des établissements scolaires, des administrations ou encore des entreprises (39%). Pour finir sur la question des investissements, 53% des sondés estiment que ces investissements devraient permettre une réduction volontaire de la place de la voiture sur l’île.
États généraux de la mobilité : « On attend le ferroviaire »
Enfin, 49% des répondants souhaitent à l’avenir utiliser différents modes de déplacement facilement sur un même trajet, à l’image du réseau Citalis qui permet de prendre aussi bien un bus du réseau que le téléphérique du Moufia avec un ticket unitaire.
« Cette première phase nous donne raison sur la nécessité d’avoir un outil comme le SMTR qui est au service des intercommunalités. Ces dernières ont travaillé sur une cohérence globale de nos différents projets de transport. Nous avons encore beaucoup de choses à mener pour qu’il y ait encore plus de cohérence et de coordination afin que le transport soit plus simple d’un réseau à un autre », indique Patrice Boulevart, vice-président de la Région délégué aux mobilités durables, par ailleurs président du SMTR.
Place désormais à l’Assemblée citoyenne qui se réunira le 14 octobre sous l’égide du CNDP, et dont les propositions serviront à l’élaboration d’une feuille de route partagée avec l’ensemble des partenaires. « Ce ne sera pas la Région Réunion qui prendra la décision de manière unilatérale mais bien l’Assemblée citoyenne », insiste Huguette Bello. Elle ajoute : « Les Réunionnais participent véritablement à la décision qui sera prise pour ne pas faire d’erreurs parce que beaucoup d’erreurs ont été faites ».
Les chiffres clés de la participation :
• 2,5 mois de concertation
• 10 994 contributions recueillies
• 35 animateurs mobilisés sur le terrain
• 130 rendez-vous sur le terrain, aux 4 coins de l’île, jusqu’à Mafate !
• 6 700 personnes rencontrées (réunions publiques, ateliers, rencontres de terrain, …)
• 6 578 visites du site internet de la consultation
• 21 ateliers thématiques
• 8 réunions publiques