"Les dépassements en termes de délai et de coût étaient connus depuis longtemps". Alors que l’enveloppe des 250 millions d’euros provisionnés pour la NRL a été discutée ce mardi matin lors de la commission permanente de la Région, la conseillère d’opposition Karine Nabénésa a souhaité faire des
"révélations". "Le président laisse entendre que ce sont des provisions qui ne seront utilisées que si besoin. Sauf qu’il ment depuis longtemps sur ce dossier", fustige-t-elle lors d'une conférence de presse donnée avec Thierry Robert dans l'après-midi. La preuve, selon elle : l’existence de deux protocoles transactionnels, actuellement entre les mains des enquêteurs du parquet national financier.
"Le premier, qui a été signé avant décembre 2015 entre la Région, Egis (le maître d'œuvre NDLR)
et le groupement, prend en compte le retard et l’absence de roches massives. Il est d'un montant de 54 millions d'euros", révèle-t-elle.
"Les ‘aléas et imprévus’ -motif donné par la Région pour la constitution de cette enveloppe-
n’en sont pas, puisque le Président savait avant 2015 qu’il n’y avait pas de carrières de roches massives", poursuit-t-elle
. "Tout cela était connu et budgété, mais jamais dit, car ça aurait pu influencer les élections. Et ce n’est jamais passé en commission permanente, ni plénière". L'offre retenue pas forcément la mieux disante Ainsi, si l’offre du groupement GTOI-SBTPC-Vinci-Bouygues retenue pour l'attribution du marché était
"de 15% inférieure" à la concurrente, elle n'était certainement
"pas la mieux disante" selon elle, puisque qu'
"elle ne tenait pas compte de cette absence de roches massives", contrairement à celle d'Eiffage.
Le deuxième protocole évoqué, dont elle ignore s’il a été signé mais qui était
"en préparation", d'un montant de 96 millions, fixerait un prix tarifaire d’exécution et l’exonération des pénalités de retard.
Des documents que ne transmet pas Karine Nabénésa qui,
auditionnée en juin dernier par le PNF, avance le
"secret de l'enquête", bien qu’elle en dévoile le contenu.
"Le président et ses services ont confirmé l’existence du protocole signé par la Région lors de la commission permanente, c’est donc maintenant une information publique", argue-t-elle.
Pour la conseillère régionale LPA, ces deux protocoles feraient en réalité partie de l’enveloppe des 250 millions. "De l'argent public dont on fait cadeau aux entreprises" "C’est du jamais vu", réagit Thierry Robert.
"C’est de l’argent public dont on fait cadeau aux entreprises, ce qui est répréhensible devant la loi", estime le député qui en profite en pour évoquer l’ordre de service
"qui n’a toujours pas été signé pour la digue".
"Soit c’est pour des raisons financières, et ça veut dire que l'argent est mal géré, ce qui est très grave, soit il y a derrière une volonté d’aider les entreprises, et c’est un problème au niveau juridique", considère le président du LPA, reprochant le fait que
"plus de 950.000 euros aient déjà été mandatés aux entreprises, soit plus de la moitié du budget total, alors qu’on en est à à peine à 30 % du chantier". L'homme politique annonce d'ailleurs qu'il saisira la semaine prochaine
"le procureur et le PNF" des éléments dont il a connaissance.
"On ne peut pas repasser à l’infini les mêmes mensonges. D’ici 2021, la vérité aura le temps d’éclater", conclut-il.